RENCONTRES DE MARCQ, 30 et 31 OCTOBRE 2006
Un véritable projet pour l'École Rurale
Élaboré
ensemble, par vous, par nous, parents, enseignants, élus, amis
de l'école, militants pédagogiques, associatifs,
syndicaux...
L'idée de départ : aller un peu plus loin que la glorification de l'école rurale et des petits établissements, et proposer pour la FNER un véritable projet pour une école rurale de demain, qui s'appuierait sur ce qui se fait de mieux ici, là et ailleurs, notamment en Europe ; ou au moins que ce qui se fait ailleurs donne à réfléchir pour faire évoluer ce qui se fait ici...
Avec
les interventions de :
Fabien
Gaveau (historien) - Pierre Champollion (Observatoire de l'École
Rurale) - Yves Jean (géographe) - Sylvain Connac (enseignant
classe unique en ZEP) [suite à un empêchement
familial majeur, Philippe Meirieu n'a pu participer comme prévu
à ces rencontres]
Etaient également présents : Le SNUIPP, le SGEN/CFDT, le SE/UNSA, le MRJC, l'AMRF, et des représentants locaux de la FCPE... et la presse (le "Café Pédagogique", TF1, l'AEF)
(débats et préparation des journées)
Déroulement
LUNDI 30 OCTOBRE |
MARDI 31 OCTOBRE |
11h. Le développement de l'école rurale au XIXème siècle, par Fabien Gaveau + débat |
9h30. Une classe unique en ZEP, par Sylvain Connac + débat |
12h. Espace scolaire réticulaire : un bouleversement en douceur du système éducatif, par Yves Jean + débat |
|
13h.30 Repas |
12h30. Repas |
15h.30 Synthèse des ateliers |
|
17h. Des formations pour tous les acteurs du système éducatif en milieux ruraux ?, par Pierre Champollion + débat |
14h. AG de la FNER |
19h. Repas |
17h. Clôture des rencontres |
(Sauf indication contraire, le compte-rendu est basé essentiellement sur les notes prises par Éliane BARON)
Intervention de Fabien Gaveau (notes de Patrick Picard, du "café pédagogique")
Le mouvement du XVIIIe pour l'instruction, déjà tendu entre expérimentation et instruction, pense " individu " avant de penser " école ". Les pouvoirs publics n'entendent pas encore heurter l'autorité éducative paternelle, mais cherchent à façonner le citoyen. Au fil du XIXe, on va assister à une standardisation de plus en plus grande des normes scolaires, s'attaquant d'abord à la formation des enseignants (créations des Ecoles Normales). L'administration s'affirme, en même temps que l'Etat Républicain, contrôle, norme.
1. L'héritage révolutionnaire (avant 1830)
La campagne, à cette époque, ce sont des villages entre 100 et 600 habitants. Le tissu social n'est pas qu'agricole, et la diversité sociale est réelle. L'administration est réduite à sa plus simple expression, la démographie est galopante (les campagnes n'ont jamais été aussi peuplées). L'essentiel de l'éducation se fait auprès des familles., mais un lieu collectif d'accueil et d'instruction existe généralement (même s'il n'existe pas toujours de bâtiment spécifique), avec une personne qui en a la charge, par "enseignement mutuel". Certains départements organisent déjà des concours de recrutement d'enseignants, dans le but de former " de bons chrétiens capables de tenir leurs affaires et de les défendre ". La rémunération des enseignants est tantôt communale, parfois tantôt, avec une prise en compte spécifique par la communauté des élèves " indigents " qui est aussi un instrument de contrôle social.
Sous la Restauration, les fonctions d'un " ministère de l'instruction " sont peu lisibles. Son budget est quasi-inexistant. Mais ses structures de contrôle politique sont déjà présentes : soumission à la monarchie, docilité. En Côte d'Or, en 1816, le Préfet mène l'enquête sur les enseignants et fait le ménage : "ivrogne", "pas bon", "révolutionnaire et immoral", "jacobin, à mettre quelques jours en prison"…
Progressivement, l'idée d'une maison d'école voit le jour. Il s'agit de montrer que le roi est un bon père de famille, capable de fournir à chaque village un lieu symbolique : sur 38000 communes, 15000 n'ont pas encore de bâtiment scolaire.
2. Guizot : une profusion de normes scolaires
progressivement normalisées
Sous la monarchie de Juillet, une nouvelle politique se met en place, visant à renforcer l'encadrement par une Instruction Publique digne de ce nom. En 1830, on prépare une nouvelle loi scolaire, en allant regarder ce qui se fait dans les pays protestants (Allemagne, Pays du Nord) qui veulent émanciper l'individu dans un rapport personnel aux textes sacrés. La scolarisation de développe, surtout en hiver, pour apprendre à lire, écrire, compter, accroître le sentiment national et respecter l'ordre social. C'est surtout dans les campagnes que la scolarisation est réelle, quand les enfants des villes sont encore tous au travail.
La loi prévoit la construction d'une école et la rétribution d'un instituteur, toujours pas reconnu comme un véritable métier. Mais les communes peinent à faire le choix de l'Ecole, continuant parfois à prioriser l'entretien des chemins... Les volontés politiques des pouvoirs locaux et des préfets sont souvent des plus ténues.
Un phénomène économique tend à retarder la scolarisation des élèves : la lutte libérale et victorieuse des propriétaires contre les usages " communaux " (liberté de grapillage, libre circulation des animaux sur les " pâtis " communaux…) entraîne le développement du travail des enfants pour garder les minuscules troupeaux familiaux, ce qui peut expliquer le reflux constaté dans la scolarisation.
Les filles, si elle ne sont pas forcément exclues des écoles de villages (jardins d'enfants de Frobel), sont surtout prises en charge par les congrégations religieuses.
Cependant, le contexte libéral et la responsabilité communale a multiplié les formes d'enseignement : ouverture des portes aux adultes, cours du soir (qui sont fermés par le pouvoir politique lorsqu'ils sont jugés subversifs) ; instituteurs itinérants ; " école rurale des pauvres " pour redresser les gens et leur apprendre à travailler ; mais aussi écoles " nouvelles " dans la lignée des idées de Pestalozzi ou Fourier, demandant de former les jeunes sur des mécaniques ou avec des ateliers : toute une pluralité d'usages éducatifs et de modèles scolaires que Duruy et Lavisse vont chercher à mettre progressivement sous contrôle en 1867.
3. Jules Ferry, le triomphe d'une manière de
voir.
Les
lois de 1881, si elle ne révolutionnent rien, prennent leur distance
avec la puissance paternelle tout en la respectant (distinction entre
action publique et morale privée). Mais les mêmes objectifs de
pacification, de moralisation, de mérite individuel pour une minorité
subsistent. L'ascension sociale qu'elle va produire ne sera pas si
différente de la situation d'avant 1789. Ce n'est pas d'émancipation
collective qu'il s'agit : jamais il ne sera question d'imaginer autre
chose que le " primaire " pour la plupart des élèves.
*********************
Débat
Xavier Fernagu : en 1902, on ajoute les matières scientifiques, on ajoute aussi la laïcité, on conserve l’idée de l’élitisme, il faut attendre la réforme Haby pour arriver au collège unique. Duruy a favorisé l’enseignement professionnel surtout pour les filles.
Fabien Gaveau :
Quand la république est arrivée
elle a contribué à l’enseignement pour les filles
en récupérant les écoles des congrégations
et en les confiant aux institutrices.
Condorcet =>
L’école doit devenir universelle mais le contexte
révolutionnaire n’en a pas favorisé la mise en
place.
1795 => impossibilité
de scolariser tout le monde, on doit prendre les meilleurs (les
enfants des propriétaires), les communes doivent s’occuper
du reste selon leur bonne ou mauvaise volonté. L’état
d’esprit majoritaire se heurte à l’école.
Question : Avez-vous noté des différences ville/campagne ?
Fabien Gaveau :
La situation est plus complexe en
ville, les enfants des villes sont peu scolarisés car ils
doivent travailler à l’usine, dans les rues comme
vendeurs à la sauvette, ils sont livrés à
eux-mêmes. Aggravation par l’exode rural.
Le projet du
Directoire (Monge)=>
ouvrir une école
qui formerait en six mois les meilleurs instituteurs : 1400 élèves
(ENS, Polytechnique) donc formation des élites.
Guizot en
revanche souhaite ouvrir les possibilités :
Enrichissez-vous (devenez propriétaires, formez votre esprit).
Quantité de mesures essaient d’ouvrir le nombre de
votants (censitaires), les veuves et femmes célibataires
propriétaires peuvent déléguer leur vote à
un homme.
Espace scolaire réticulaire : un bouleversement en douceur du système éducatif.
Tensions entre le
local et l'État, toujours d'actualité,
d'autant que la France est un cas spécial quant au nombre de
communes
(Condorcet, Seyes contre Mirabeau => échec de
la loi de concentration des communes, contrairement à ce qui
s'est passé ailleurs en Europe qui a divisé par 10 le
nombre de communes).
L’État républicain
construit une école
par commune, donc prise en main du territoire jusqu’en 1950
(l’exode rural).
Avant, peu de mouvement de population à
part cet exode.
Actuellement confrontation des milieux, exode
urbain vers la campagne.
- L’école rurale
devient parfois une école de
la périphérie, avec des spécificités
autres que la banlieue, loin des centres de décision
(instructions du ministère...), de la bureaucratie. Cette
distance entraîne davantage d’autonomie, à
condition de connaître les codes pour rencontrer les
partenaires (maires, parents...).
La construction socio-spatiale,
dépend des choix et des orientations, il n’y a pas
d’adéquation entre le nombre d’enfants du village
et le nombre d’enfants inscrits à l’école
du village.
- Grande diversité des écoles rurales (classe unique, écoles à plusieurs classes, RPI concentrés et éclatés...), mais le modèle de l’école urbaine domine et la carte scolaire est organisée selon ce modèle (cf. technopôles).
- École atypique :
plusieurs cours dans la même
classe oblige à avoir des stratégies pédagogiques
différentes se centrant davantage sur l’enfant avec des
résultats globalement égaux à ceux des écoles
urbaines, alors que les milieux culturels et éducatifs sont
plutôt moindres ; cela dit, il faut penser aux 15%
d’enfants qui décrochent : comment faire pour aider
ces enfants dans les écoles rurales ?
Tous les
travaux montrent que l'école rurale développe
l’autonomie, qui implique choix et liberté.
Il ne
faut pas négliger les rapports entre espace et l’enseignement
: la petite structure rurale favorise l’espace (ex :
ordinateurs dans la classe), la prise d’autonomie (délégué
de classe), le temps tampon entre école et famille, la
pédagogie différenciée, la continuité
pédagogique sur plusieurs années.
- Développement de réseaux d’écoles qui parfois génèrent des réseaux intercommunaux qui n’existeraient pas sinon. Révolution silencieuse des écoles rurales, des classes qui communiquent entre elles par informatique sans avoir attendu les instructions ministérielles (canton, pays,...). Ces réseaux défont l’idée d’une école par commune.
Rôle discriminant des conseils généraux : soit RPI concentrés (Ardennes) ou Loire Atlantique (27 ou 28 réseaux télématiques), soit maintien de l’école rurale traditionnelle (Tarn ou Lot). Impulsion ou choix du maillage scolaire selon l’étendue de leur territorialité (village, canton ou région)
Rôle des
municipalités : financement
diversifié selon les municipalités, lié aux
représentations de l’école par le maire :
a) école = âme du village, vie de l’école,
vitrine du village => discipline, politesse, => enseignant
pasteur, pas de dépense, s’implique dans la commune ;
parent indignes, nostalgie, amertume...
b) éducation,
autonomie => passeur, s’impliquant dans la commune, aidant
l’enfant, parent partenaires, acteur, compétent...
c) éducation, ouverture sur le monde, garant de la modernité,
nouvelles technologies, parents consommateurs, compétences
spécifiques, commune carte de visite, carnet de clients...
Quels projets de territoire avec ces mentalités diverses ? Attachement à la politique scolaire à l’échelle de la commune, peu d’intercommunalité, tensions vives entre maires et présidents de communautés de communes (finances ?)
École de banlieue/école rurale, problèmes communs, se défaire de la vision selon laquelle le local serait le maillon faible et porteur des impossibilités, de la régression de l’école. Le transfert vers les instances locales des enjeux existe alors que les mentalités n’ont pas suivi et que les attentes auprès du pouvoir central est grand.
L’initiative locale est grande et efficace : le rapport au lieu et aux autres personnes est en train de changer.
Débat
Café pédagogique : On peut voir les collectivités locales se qualifier sur l’éducatif (Yonne collectif sur l’éducation 100 millions € pour une enquête sur le milieu éducatif). Je perçois un désengagement des enseignants pour toutes les formes de liaisons éducatives (USEP, réseaux divers).
Fabien Gaveau : Je retrouve des constats faits en 1795 : Comment le local et le national se sont faits ; négociations et partages des tâches entre local et national, compromis, comment apaiser le milieu rural par l’éducation ?
Café péda : Compromis sur la construction du corps des enseignants.
Yves Jean : Pas de formation des PE sur la territorialité, pas de connaissance du milieu rural, des pauvres, des cadres qui choisissent ce milieu. Comment pourrait-on avoir des IA qui fassent confiance aux enseignants, aux maires, aux parents d’élèves ?
Pierre Souin : Ne pas transférer la compétence scolaire à l’intercommunalité : dans certains endroits on va fermer des écoles contre d’autres services (crèche, jardin d’enfants). On commence à proposer des regroupements de groupements . Pour le moment il vaut mieux ne pas entrer dans ce processus.
Pierre Champollion : territorialité de l’école => descendre à l’échelle la plus proche. Mais enchevêtrement des échelons territoriaux avec à chaque échelon des pouvoirs, des décisions parfois contradictoires.
Xavier Fernagu : intercommunalité, facteur des difficultés car diminution des moyens, des services moins nombreux, crainte sur la disparition de la loi exigeant l’évaluation des effets de la disparition d’un service public.
Étienne Anquetil : évaluation du travail d’équipe, pas seulement un enseignant mais l’interaction des enseignants.
Intervention de Pierre Champollion (Observatoire de l'École Rurale)
Débat
Xavier Fernagu :
même taux résultats des
élèves parisiens/franciliens, mais abandon des études
longues à cause des coûts de location, le temps de
transport ; la proximité d’une université
favorise les études longues.
En Lozère, un seul
lycée à Mende, lycée publique mais internat
payant raison d’abandon des études longues, à
cause aussi des revenus moindres des parents.
En milieu rural les
enfants dorment plus longtemps, les faits de violence urbaine sont
dus en partie au fait que les enfants dorment moins (1heure et demie
de moins qu’avant la guerre) Les enfants du rural sont moins
sollicités, sont plus dans le réel que les enfants des
villes.
La semaine de quatre jours commence à être
remise en cause car elle n’a pas donné les résultats
escomptés.
Sylvain Connac :
Pourquoi avoir pris comme critère
de réussite la longueur des études ?
Avez-vous
repéré l’action des méthodes pédagogiques
dans les zones de montagnes ?
Pierre Champollion : À réussite scolaire égale, on a moins d’élèves au lycée général et technologique. Les actions pédagogiques sont prises en compte mais pas de manière systématique, mais le tutorat, l’interaction entre élèves, l'investissement du territoire sont plus utilisés en milieu rural qu’ailleurs.
André Deleuze : Je suis frappé par le rôle de frein des parents ; le rôle et le poids des mères est très important, avez-vous remarqué quelque chose à ce sujet ?
Pierre Champollion : OUI, à 80%, le niveau de diplôme de la mère est prépondérant sur l’orientation des élèves en milieu rural. Même sans travailler, une mère diplômée peut guider son enfant vers un métier ou une formation. => Il faut que les parents puissent se rendre compte que leur niveau socioprofessionnel pèse fort sur l’avenir des enfants.
Yves Jean :
les travaux d’Anne Bouju confirment
les constatations de Pierre Champollion ; le milieu rural
maintenant propose plus de mixité sociale que le milieu
urbain.
Pas d’incitation de l’État à
la discussion sur la question de l’école (parents,
enseignants, administration, élus...).
Nathalie Gaultier : sommeil => rôle des parents. D'une façon générale, on devrait développer la responsabilisation des parents et des élus, et une participation plus grande des parents.
Pierre Champollion :
Pour certains parents, le rôle
de l’école c’est de préparer les enfants à
un métier alors que pour les enseignants, l’école
est un lieu de formation de l’individu, du citoyen. La
difficulté est de décider de ce qui est prioritaire et
de ce qui l’est moins. L’État ne se
préoccupe pas de cet aspect-là.
L’OER souhaite
compléter les observations quantitatives par des observations
qualitatives pour affiner les analyses, les conclusions et les
propositions.
Étienne Anquetil : Dans le cas particulier des lycées agricoles professionnels, qui ont proposé des formations à l’orientation, avez-vous remarqué des évolutions ?
Pierre Champollion : Oui, ces lycées ne dépendent pas de l’Éducation nationale, ils répondent mieux aux besoins des élèves, les effectifs sont plus faibles, les intervenants sont plus divers. L'ENFA (École Nationale de Formation Agronomique) travaille aussi sur la même problématique.
Xavier Fernagu : 53% de familles monoparentales ou recomposées, sur les 47% restant, la moitié de migrants. Quelles sont les incidences de ces faits sur la scolarité des enfants ? Qu’en est-il de la mise en action des six différentes intelligences qui existent ? Les conditions de vie influencent-elles les résultats ou l’orientation des élèves ?
Pierre Champollion : [...] valorisation des enfants en utilisant des ressources locales de savoirs.
Michel Baron : Il faut se méfier des représentations toutes faites du milieu rural, par exemple sur les familles : ne pas généraliser, les situations sont très évolutives.
Yves Jean : Il faut revisiter les catégories rurales/urbaines... La constante est plutôt la variance socioprofessionnelle. Le facteur temps est prépondérant, il faudrait l’étudier. Pourquoi dans une famille de trois enfants, deux reproduisent-ils le milieu socioprofessionnel et le 3ème est-il différent ? Il faut être très prudent dans les conclusions.
Intervention de Sylvain Connac
Des classes uniques en ZEP ... par choix pédagogique !
Voir aussi sa présentation
Débat :
Yves Jean : Nécessité de travailler selon les constatations faites par Bernard Collot et moi il y a 15 ans, de transformer les contraintes en atouts. Importance de l’espace, les enfants doivent disposer d’espace, même pour échapper à la surveillance du maître. Il faut apprendre aux enseignants à utiliser l’espace.
Café péda : À la fois engagement Freinet et hétérogénéité. Quid de la leçon ? Est-ce que le collectif, la confrontation aux autres est organisé, existe ?
Christian Chevalier (SE) : Comment les enfants ont-ils été sélectionnés ? Comment sont choisis les enseignants ? Comment réagissent les familles ?
Sylvain
Connac : Les leçons
considèrent le groupe classe comme un groupe homogène.
[Chez nous] les moments collectifs existent et permettent la
confrontation (conseils, réunions...). Les acquisitions ne
sont pas faites individuellement mais à des moments où
elles sont rendues nécessaires pour la progression des projets
de la classe.
La hiérarchie semble ignorer le processus,
soutient car tout se passe bien.
Les enfants sont choisis par
hasard (tirage au sort) puis restent s’ils le souhaitent et si
les enseignants le veulent.
Les syndicats ont rechigné à
accepter le fait d’inscrire l’école comme école
à projet.
Les parents n’arrivent pas à entrer
dans l’école, dans les projets ; certains acceptent de
venir dans la classe pendant une demi-journée ce qui est très
efficace. Il n’y a pas de formation spécifique pour les
enseignants.
Michel Baron : Ce qui est frappant c’est que des outils d'usage a priori très individualisé comme les ordinateurs, sont dans ces classes utilisés en groupe par les enfants. De même, on a du mal à les empêcher de s’entraider quand c'est interdit (évaluation nationale).
Xavier Fernagu : propose un temps au congrès FCPE pour parler de la classe unique ce qui aiderait certains parents d’élèves à connaître d’autres pédagogies que la confrontation et la compétition et découvrir la coopération.
Yves
Jean : ne pas oublier
que non seulement les résultats scolaires des enfants des
classes rurales sont plutôt supérieurs mais qu'ils sont
aussi plus autonomes.
La FCPE pourrait demander que les parents
puissent venir voir ce qui se passe en classe.
Éliane Baron : On observe les mêmes choses dans des classes uniques qui ne sont pas Freinet, les mêmes résultats, la même sérénité, le même climat pacifié.
Gilles
Mondrot (SNUipp) : Au
niveau du collège, il n’y a plus ces meilleurs
résultats, n’y aurait-il pas une dévalorisation
de l’image de soi chez les enfants des classes uniques ?
Quant
à la présence des parents, est-elle vue comme un
contrôle des parents ?
xxx : Des observations montrent que les parents venus voir la classe participent davantage à la vie de l’école.
Sylvain
Connac : sur les 28
écoles de Montpellier, certains instits sont très
intéressés mais il est très difficile de venir
voir ce qui se passe dans les classes des collègues.
On a
proposé aux parents de participer à des ateliers mais
il ne sont pas venus animer.
Les parents ne viennent pas
contrôler, ils sont prévenus de ne pas intervenir auprès
de leur enfant, de n'être que des observateurs.
Le passage
des enfants en 6ème se passe bien.
Étienne Anquetil : Les maternelles sont-elles aussi des classes hétérogènes ? Sont-elles concernées par la sélection des enfants ?
Sylvain
Connac : Elles sont
hétérogènes sur deux ans ; le tirage au
sort a été choisi pour faire cesser les soupçons.
On
s’interdit de comparer nos résultats avec ceux des
autres classes de l’école pour ne pas détruire
l’ambiance de l’école.
Michel Baron : Comment se passent les réunions institutionnelles avec les collègues ? Quelles sont les réactions de la municipalité ?
Sylvain
Connac : Les autres
collègues changent souvent et ne restent généralement
pas plus d’une année.
Mais quelques collègues
souhaitent travailler en hétérogénéité
(CP/CE1) pour bénéficier de classes sereines.
La
municipalité nous ignore. Elle refuse de livrer du matériel.
Nathalie Gaultier : Au collège, les enfants ont-ils des problèmes d’adaptation ?
Yves Jean : L’estime de soi n’est pas seulement construite à l’école primaire mais aussi dans la famille, puis dans toutes les autres structures que l’on traverse. Ces enfants-là sont très autonomes et s'adaptent facilement, ils sont souvent délégués de classes arrivés au collège.
Sylvain Connac : Les enfants m’ont fait une réflexion : au collège c’est facile, il suffit de se dire qu’on est « une ceinture blanche ».
Café péda : [...] Les parents sont venus une demi-heure ou une heure pendant quinze jours dans la classe et ont rempli un questionnaire « ce qui vous a choqué, ce qui vous a plu, ce que vous n’avez pas compris... » puis lors d’une réunion, les parents lisaient ce qu’ils avaient écrit. C’était bien et a permis la confiance, la co-réalisation d’un projet éducatif.
Pierre
Souin : La présence
des parents d’élèves dans les classes est très
bénéfique, au bout de quelques minutes, l’enfant
a oublié la présence de ses parents qui voient l’enfant
d’un œil différent, s’aperçoivent que
l’enfant peut être différent de ce qu’il est
à la maison et comprennent comment on fait travailler ensemble
des enfants.
Les avantages de l’école rurale, des
petites structures devraient être étendus aux écoles
plus grandes, éviter les grandes écoles, faire des
écoles de quatre classes maximum...
Dans tous les domaines,
il faut éviter les trop grandes structures.
Quelques notes sur les commentaires des associations et syndicats présents
1/ MRJC (Thierry Bouchetal, Nelly Désarmenien, Maud Cesbron, Anne-Claude Moisan)
Raison d'être du MRJC : prendre en
main sa vie dans un milieu donné (le milieu rural en l’occurrence),
selon 3 axes essentiels :
agriculture, travail, école.
Rencontres avec les acteurs, les chercheurs, les partenaires... (exemple : partenariat long avec la FNER).
Production de documents : « une école pour s’enraciner », s'ouvrant sur « une éducation pour toute la vie ».
Expériences, projets sur 3 axes de « travail »
1 : la formation à la connaissance du territoire et du système
éducatif.
2 : recherche sur les actions innovantes.
3 : projet éducatif à mettre en place.
Élaboration d'une charte de l’éducation tout au long de la vie.
2/ SGEN/CFDT (André Deleuze)
Le SGEN/CFDT vient de sortir un dossier sur le monde rural, et notamment sur l'enseignement agricole.
Nécessité de LIEUX de rencontre pour pouvoir rassembler les acteurs.
Mettre en place des espaces infra-départementaux, permettant d'associer les « non-institutionnels »
3/ SNUIPP/FSU (Gilles Moindrot)
D’accord là-dessus.
Essayer de s’adapter aux changements (exemple : augmentation des effectifs en zone rurale, qui est une situation assez nouvelle).
4/ SE-UNSA (Christian Chevalier, Laurence
Martin-Timoléon)
Idem ; autre changement, celui des demandes des parents.
Regrette qu'il n'y ait pas de projet à long terme d’organisation dans les départements.
5/ CGT (Jean Delarue)
Reconquête de la démocratie, volonté de faire fonctionner la démocratie.
Demande d’abroger la loi de financement des écoles privées (ex : 42000 € pour financer l’accueil des enfants en écoles privées à Vernouillet).
Colloque au Sénat : dépôt d’un projet de loi sur l’abrogation de cette loi ; demande de réouverture des écoles publiques qui ont été fermées.
Défendre le service public.
xxx : L'AMF aurait obtenu un compromis de fait : le financement interviendrait seulement s’il n’y pas d’école publique dans le village.
Pierre Souin : concernant l’obligation de financer les écoles privées, concernant les EPEP : ces textes sont dangereux pour les petites structures en particulier rurales car ils favorisent les regroupements de groupements ; il faut donc garder la compétence des communes en matière scolaire.
Les
ateliers avaient comme objectif de permettre à
chacun d'émettre des propositions, réalistes ou
utopiques, peu importe, si possible en dehors de toute langue de bois
!
Dans un premier temps, sous forme de tableaux évolutifs, ces
propositions
seront étoffées, élaguées,
rediscutées, retravaillées..., car si certaines sont
consensuelles, d'autres offrent matière à
discussion.
Ensuite, elles serviront de base à un texte qui
pourra prendre la forme d'une charte pour l'École en milieu
rural.
Aussi,
vous qui lirez ces lignes, n'hésitez pas à réagir, à
proposer...
Pour toute proposition, contactez-nous
FORMATION |
Organisation |
Espace |
Temps |
Pédagogie |
A préserver |
- La liberté de l'enseignant |
|
|
- La liberté des méthodes, des pratiques pédagogiques |
A modifier |
- Former dès l'IUFM les profs (primaire et collège) à
l'orientation des élèves |
- Formation initiale en alternance |
- Ne pas abuser de la didactique des disciplines, et des
"recettes" abstraites |
|
|
- Stage en responsabilité plus long + retour à l'IUFM |
|||
A exiger |
- Ouverture des IUFM à des professionnels de terrain
expérimentés sur la base de compétences spécifiques. |
- Former les PE à la lecture, la connaissance du/des territoires (ex. 3 fois dans l'année étude sur le terrain puis à l'IUFM) |
- Plus de temps pour une véritable formation initiale
(ingénieur : 3 ans, PE : 6 mois, parfois 6 heures pour certaines
matières !) |
- Des maîtres-formateurs en milieu rural, avec des classes à
plusieurs cours |
- Valoriser la petite structure et la richesse de l'école rurale dans le cadre de la formation des professeurs d'école | ||||
A inventer |
- Favoriser les échanges de chercheurs entre les IUFM et
entre IUFM et Université, échanges de conférences |
- Travailler sur la didactique du territoire, connaître et maîtriser le milieu rural |
- 4 années sabbatiques au cours d'une carrière |
- Formation aux pratiques de classe en milieu rural |
PARTENARIAT |
Organisation |
Espace |
Temps |
Pédagogie |
A préserver |
- Bonnes relations citoyennes avec les parents |
- École à taille humaine |
|
|
A modifier |
- Réseaux à développer |
- Meilleure ouverture de la classe, de l'école aux parents (leur en faciliter l'entrée) |
|
- Favoriser le désir de travailler en équipe |
A exiger |
- Ouverture vers les parents |
- Des visites dans d'autres classes, d'autres écoles ou
collèges, dans d'autres lieux d'éducation |
- Plus de souplesse, d'autonomie et de moyens pour les
écoles et les réseaux... |
|
A inventer |
- Remotiver, soutenir certains groupes de parents - Des projets éducatifs de territoire (cf. MRJC) |
- Une pièce (bureau) pour les enseignants, leur permettant de recevoir les partenaires, organiser un soutien, travailler pour sa classe (plutôt collège/lycée) |
|
- Travailler avec l'administration et les équipes de
circonscription pour un soutien durable aux projets |
PRATIQUES DE CLASSE |
Organisation |
Espace |
Temps |
Pédagogie |
A préserver |
- L'hétérogénéité |
- L'utilisation maximum des espaces disponibles de l'école (et autour) |
- Travail par cycles |
- La liberté de choix des méthodes, des pratiques (conformité aux programmes vérifiée par les Inspecteurs) |
A modifier |
- Améliorer l'accueil des enfants handicapés (AVS ?) |
|
|
- Promouvoir des outils pédagogiques adaptés à ces classes (ex. plan de travail) |
A exiger |
- Prendre en compte l'hétérogénéité |
- Respect des rythmes personnels des enfants (laisser le temps au temps) |
- Apprendre à vivre avec l'environnement de l'élève, de l'école |
|
A inventer |
- En fin de carrière, travailler avec des jeunes sortant de formation : éviterait l'usure, permettrait de travailler plus longtemps, et de transmettre certains "gestes" éducatifs/pédagogiques (ex. prise en main, tenue de la classe...) |
DIRECTION/ |
Organisation |
Espace |
Temps |
Pédagogie |
A préserver |
- Organisation en cycles |
|
|
- Directeurs qui enseignent |
A modifier |
- Sortir de l'idée "un maître = une classe" |
- Favoriser le désir de travailler en équipe |
||
A exiger |
- Fonctionnement non hiérarchique (pas de "super directeurs") |
- Lieux institués pour les réunions entre enseignants |
- Temps institués pour créer les conditions d'échanges entre enseignants |
|
A inventer |
- Façons d'évaluer, de se parler, d'échanger au sein de l'école |
- Favoriser le décloisonnement dans l'école entière |
- Structurer une démarche collective pour résoudre certains problèmes (ex. évaluations nouvelles, consignes pédagogiques...) |
PERI-SCOLAIRE |
Organisation |
Espace |
Temps |
Pédagogie |
A préserver |
|
|
|
|
A modifier |
- Accueil pré et post-scolaire prenant en compte les modifications de la structure sociale (parents) |
|
- Horaires d'accueil en fonction des besoins des parents |
|
A exiger |
- Coordonner les associations péri-scolaires et les moyens qui leur sont attribués |
|
|
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A inventer |
- Responsabilité éducative partagée, qui évite par exemple d'importer des pratiques urbaines non adaptées |
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Organisation |
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Pédagogie |
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FNER Assemblée générale du 31/10/06 à Marcq (Yvelines)
Le président de la FNER remercie les adhérents de leur présence, donne connaissance des pouvoirs de délégation de vote qu’il a reçus et invite le secrétaire à lire le rapport de la précédente assemblée générale. Puis il présente le rapport d’activités.
1° Rapport d’activités :
Depuis la précédente Assemblée Générale (mai 2005), la FNER (voir site http://ecole-rurale.marelle.org)...
a rédigé et co-signé une lettre avec le SNUIPP-FSU, le SE-UNSA, le SGEN-CFDT et l'AMRF, demandant à M. le Ministre de l’Éducation Nationale que soient prises en compte dans la formation des maîtres, les spécificités de l'enseignement en milieu rural, et ce à l’occasion du renouvellement du cahier des charges des IUFM. Lettre restée sans réponse (sera à nouveau renvoyée).
a participé aux Assises Nationales des Lycées Ruraux.
a rédigé un communiqué de presse sur la "Convention de Massiac".
a organisé les journées de Marcq (Yvelines) les 30 et 31 octobre 2006.
2° Compte-rendu financier :
Il
sera remis en fin d’année
civile. Le solde actuel est créditeur pour 1 300 €.
Il
a été dépensé 50 € pour le site
Internet .
Actuellement 15 adhérents sont à jour de
cotisation, il n’y a pas eu de rappel de cotisation.
3° Ordre du jour :
Suites à donner aux journées d’octobre 2006
Articles 89 (loi sur la participation financière des communes à la scolarisation des enfants dans une école privée)
FNER et liberté pédagogique
FNER et Services publics
Statuts et plaquettes FNER
1. Suite aux journées
de Marcq :
Mise au point d’une charte sur l’école rurale à partir de la synthèse des travaux des ateliers (envoyée aux candidats aux élections législatives, voire présidentielles ?) accompagnée d’une plaquette de présentation de la FNER. La co-signature des différents mouvements pédagogiques est envisagée (ICEM, GFEN, MRJC, CEMEA, PEP, OCCE) ainsi que celle de la FCPE et des Syndicats de l’Éducation Nationale.
L’Assemblée générale envisage l'organisation d’un véritable colloque avec l’AMRF et les syndicats.
Les prochaines journées seront organisées en octobre 2007 avec Philippe Meirieu si possible, et la décision à propos d'un colloque y sera prise.
2. Article 89 et ses
conséquences :
Il provoque une inégalité entre public et privé : il est plus difficile d’obtenir une dérogation dans le public que dans le privé, le financement de la scolarité dans une autre école publique que celle de la commune de domicile n’est pas obligatoire pour la municipalité en dehors des dérogations mais elle devient obligatoire pour le financement de la scolarité en école privée.
L’AMF est pour un compromis mais les sommes demandées par les écoles privées sont trop importantes.
Divers partis, associations (dont l'AMRF), et syndicats, demandent le retrait de cet article 89.
La FNER prend position elle aussi pour l’abrogation.
3. FNER et liberté
pédagogique :
Le droit pour les enseignants de choisir parmi les méthodes qui permettent d’arriver aux compétences demandées par les programmes, liberté reconnue par les textes, est revendiqué par la FNER en cette période de remise en cause par le Ministre de l’Éducation Nationale (méthodes de lecture, ...)
La FCPE est du même avis du moment que la liberté pédagogique permet un fonctionnement opératoire et "coopératoire".
4. FNER et Services Publics :
L’assemblée générale donne son assentiment pour relancer une demande de participation de la FNER aux collectifs pour la promotion des services publics (demande déjà faite mais restée sans réponse).
5. Révision des
statuts et de la plaquette de présentation de la FNER :
Remise à une date ultérieure (demanderait du temps et une meilleure préparation).
Plus rien n’étant à
l’ordre du jour, le Président lève la séance
à 17h00.
Le président, Étienne Anquetil
Le secrétaire, Michel Baron
Quelques idées à discuter, en vrac...
La direction d'école
[...] C'est en Catalogne que sont (pour combien de temps ? les
socialistes au pouvoir à Madrid semblent vouloir suivre les idées
d'Aznar qui prenait des mauvaises idées en France) élues pour 2 ans les
équipes directives: un(e) directeur(trice), un(e) secrétaire. Je n'ai
jamais entendu parler de décharges mais par contre beaucoup de réunions
de concertations tout au long de l'année, et des CR précis, des relevés
de décisions... et 15 jours, avant la rentrée (15 septembre), pour
travailler en équipe sur les projets + 15 jours, après la sortie (15
juin), pour faire les bilans, les comptes... Pour tous, du temps passé
à l'école hors élèves, prévu dans le service... des équipes
polyvalentes qui s'organisent pour remplacer les absences de l'un(e) ou
l'autre pour réunions, voyages Comenius, formations courtes (seuls les
congés maladie sont remplacés par des "tit mob")...
En Finlande, les directeurs (trices) sont embauché(e)s, comme les
adjoints, par les municipalités. Un poste est vacant, la municipalité
lance un appel à candidatures ; des enseignants diplômés (4 ans après
le bac) informé(e)s des modalités du poste et motivé(e)s répondent et
sont sélectionnés, quelquefois après entretien, par une commission
composée d'élus, de parents d'élèves et d'enseignants de l'école
concernée. Ma collègue à Oravasaari a par exemple reçu 50 demandes pour
un poste d'adjoint dans son école à 2 classes; étant directrice son
avis est quasi prépondérant dans la commission mais se base sur des
critères de complémentarité des spécialités pédagogiques (travail
manuel, musique, eps, sciences naturelles..., d'équilibre homme/femme
dans l'école... Une fois embauché localement, l'enseignant a un statut
de fonctionnaire de l'état et a les mêmes protections que chez nous...
et la confiance totale de tous (pas d'inspecteur/trice, ils ont
progressivement été recasés dans les affaires scolaires des
municipalités). (PB)
- La direction collégiale [préconisée par SUD], où est-ce qu'on la
pratique vraiment ? La question a souvent agité la tendance syndicale
"École émancipée", et depuis fort longtemps, pourtant à part de rares
expériences, la formule a du mal à prendre. Et pourtant, dans certaines
petites écoles, il existe "de facto" - dans des proportions que
j'ignore - des formes de collégialité, peut-être dues au fait que,
quand on est peu nombreux sur un bateau, chacun se sent davantage
responsable de la bonne marche de l'esquif... surtout si le capitaine
ne gagne guère plus que les autres ! (MB)
- Tout à fait d'accord avec toi. En tout cas, surtout pas de
revendications de décharges totales ou demie... Partageons les
responsabilités, les quelques sous de l'EN, revendiquons des
secrétariats d'écoles comme il y a des secrétariat de mairies (en rural
on a des secrétaires partagé(e)s par plusieurs mairies) ; ça créera des
emplois grâce à l'école dans les villages et les quartiers.
La réduction du temps de travail...
... Avec le passage aux 18 heures devant les élèves dans le 1er
degré... mais alors, me direz-vous, déjà que sauver un poste d'instit
dans un petit village, c'est pas facile... Au contraire, cela ne
permettrait-il pas de concrétiser des relations de territoires en
réseaux, par la complémentarité des postes ?" (DM)
- Là il y a à mon avis un gros problème avec cette revendication de
profs. Mon syndicat (CGT) l'avance également avec la vieille et
séduisante idée de plus de maîtres que de classes et je la combats pour
plusieurs raisons :
a/ D'abord, on fait croire à tout le monde qu'on travaillerait 27 h
alors qu'on est toujours payé sur la base de 40 h et qu'on en fait
généralement plus (27 en classe, 1 ou 2 de + chaque jour en présence
d'élèves avant la rentrée, après la sortie, autour de la cantine... en
classes de découvertes, en sorties pédagogiques... + les préparations,
les corrections, les rencontres avec les familles, élus, associations,
les concertations, l'organisation (déplacements, téléphone,
internet...), les comptes de la coopé, des projets divers et variés, du
budget fournitures ou déplacements de la mairie... + les recherches et
formations personnelles, les lectures, la culture qu'on relie toujours
à ses pratiques, son métier, son attitude sociale...).
b/ Deuxièmement parce que avec 27 h de classe on n'a déjà pas toujours
le temps de tout faire comme on le voudrait, et en plus d'observer, de
réfléchir... de connaître vraiment les enfants (même quand on a la
chance comme nous de les suivre pendant plusieurs années dans sa
classe), d'aller au bout des démarches de coopération, de certains
projets... Parce que je veux rester polyvalent, avoir la maîtrise de
plusieurs chemins possibles pour aider un enfant à réussir sa
scolarité, jouer sur l'interdisciplinarité, parce que c'est la vraie
vie, les mélanges... J'aime bien travailler avec d'autres
(intervenants, collègues, parents) mais pas qu'ils fassent mon boulot à
ma place.
c/ Troisièmement parce qu'il y a un sacré risque pour les élèves :
avez-vous remarqué que chaque fois que, en primaire, la semaine
scolaire s'est réduite pour les enseignants, elle s'est réduite aussi
pour les élèves. Alors, dans le contexte actuel où les pouvoirs
successifs veulent toujours moins de dépenses publiques, on risque de
refiler l'EPS à des Brevets d'État de Jeunesse et sports, les activités
artistiques, la découverte du milieu à des associations, les langues à
des intervenants privés, les maths à Kmath... je noircis à peine le
tableau ! Résultat : quelques-uns prendront tout et pour la plupart il
restera la télé. Je crois qu'il faut réclamer plus d'école, un accès
facilité pour plus d'enfants (dès 2 ans dans de bonnes conditions,
gratuité des fournitures et des activités y compris les transports, les
musées, les concerts..., jusqu'à l'université... (en Finlande les
transports, la restauration, le logement et bien sûr les études sont
gratuits jusqu'à la 4ème année de fac). (PB)
- Pour les 18 heures devant les élèves, cela voudrait dire - si j'ai
bien compris mais ce n'est pas sûr - près de 50% d'enseignants en plus
pour arriver à 26h pour les élèves. On peut toujours poser la question
à Gilles de Robien ! Le fond est à discuter, en effet. Pour ma part, si
l'on doit mettre le paquet, je préférerais le faire à la façon des
catalans : renforcement des réseaux, de pair avec un allègement notable
des effectifs.
Question subsidiaire : la Catalogne pourra-t-elle continuer à payer un
enseignant pour 5 à 12 élèves (comme c'est le cas aujourd'hui en zone
rurale) si l'Europe réduit ou supprime les aides aux régions autrefois
défavorisées ? (MB)
- J'aime aussi beaucoup cette réponse catalane au défi de la
désertification, du rééquilibrage avec la côte surpeuplée. Il y avait
aussi les raisons linguistiques : le réservoir du catalan, c'est aussi
le milieu rural, en le sauvant, en le développant, on participe au
développement de la langue. Je ne crois pas que les aides de l'Europe
soient primordiales : c'est une volonté politique, un choix.
Le fonctionnement des ZER (zones d'écoles rurales) est vraiment
intéressant : des écoles (classes uniques, écoles de 2 à 4 classes),
des municipalités s'entendent à 4 ou 5 pour créer une ZER (efforts des
partenaires en travail d'équipes, projets communs, moyens
intercommunaux pour les déplacements si besoin, l'aménagement des
locaux). Automatiquement la generalitat (gouvernement autonome) crée 4
postes supplémentaires : prof spécialiste en arts, un autre en EPS, un
3ème en langue (fr ou ang) et un dernier pour les difficultés et
l'intégration. Et on applique la règle : à partir de 12 élèves dans
une classe à plusieurs cours une classe supplémentaire est créée dans
l'école. Si l'effectif redescend, on referme... pas de drames, de
chantages au regroupement, d'interventions politiques... L'école ne
ferme qu'en dessous de 3 ou 4 élèves mais peut rouvrir avec le même
nombre. L'équipement est le même pour toutes les écoles et financé
par la comarca (département) en fonctions des demandes des écoles :
ex., une année, des instruments de musique et l'appareil photo
numérique, l'an dernier le vidéo projecteur...
On prend ? (PB)
L'organisation générale : quelles solutions
? quelles propositions ?
a/ Permettre plus de souplesse, plus de liberté aux équipes d'écoles et
aux communes pour favoriser le travail en réseau et la mise en place de
véritables projets. Travailler avec l'administration et les équipes de
circonscription pour un soutien aux projets, s'appuyer sur eux, qu'ils
puissent non seulement impulser mais aussi aider au long du projet.
b/ Rééquilibrer les politiques locales en matière d'éducation pour une
véritable égalité des élèves sur un même territoire, que la loi soit
appliquée partout, en particulier pour ce qui concerne la participation
financière pour la scolarisation hors de la commune de résidence.
c/ Coordonner les associations péri-scolaires et les moyens qui leur
sont attribués.
d/ Valoriser la petite structure et la richesse de l'école rurale dans
le cadre de la formation des professeurs d'école.
Mettre en place des postes de Professeur d'École Maître-formateur
délocalisés. (EA)
un bureau digne de ce nom, un équipement
informatique et multimédia performant pr le directeur et pour tous
plusieurs salles ou espaces polyvalents (ateliers, dortoir,
activités physiques, écoute musicale, projection
vidéo...)
D'autres propositions : celles du MRJC
DES PROJETS ET DES PROPOSITIONS POUR L’ÉCOLE : DE L’EXISTANT À L’INVENTION
Traduire les missions de l’Éducation Nationale sur les territoires
- Création d’espaces locaux de concertation pour une ré-appropriation des missions de l’École : Il s’agit de rendre « discutables » les enjeux de l’École par l’ensemble de la population, non pour une remise en cause permanente, mais plutôt pour favoriser une prise de conscience collective de ces enjeux. Dès lors, par exemple, il faut redonner un souffle de démocratie dans les Conseils d’École, les Conseils d‘établissements, trop souvent réduits au statut « de chambre d‘enregistrement ou de lieux de suspicion entre acteurs éducatifs ». Les processus de représentation seront alors renforcés s’ils développent une meilleure concertation: ainsi comment mieux associer les différents acteurs à telle ou telle problématique.
- Mise en place de projets éducatifs de territoire : A partir de diagnostics partagés, il s’agit de mieux associer la question éducative et les nouvelles formes d’organisation des territoires (Communautés de communes, Pays, …), incitant ainsi les collectivités à se doter de la compétence éducative. Cela permettrait également de dépasser le cloisonnement des diagnostics actuels, trop souvent liés à une seule problématique (par exemple, l’un par Jeunesse et Sports pour les loisirs, l’autre par telle association pour une offre culturelle, un autre encore pour tel équipement communal …).
- Développement des partenariats entre acteurs éducatifs dans le cadre des projets d’établissements : Dans le cadre des projets d’établissements, il s’agit de mieux relayer des dispositifs existants (type Réseau Rural d’Écoles ou Contrat Éducatif Local) et de mieux pérenniser des expérimentations pertinentes (type « collèges ouverts ») par un meilleur soutien des institutions, par une véritable politique de formation des acteurs éducatifs, par du temps dégagé pour la mutualisation et la retransmission.
Former l’ensemble des acteurs concernés par le système éducatif
- Création de modules de formation pour les personnels éducatifs en cursus initial et continu sur les liens entre École et Territoire : Au delà des connaissances pédagogiques et didactiques nécessaires à leur métier, les personnels éducatifs devraient se retrouver autour de modules de formation concernant les problématiques du Territoire. Ainsi pourraient être abordées les spécificités du milieu rural et du milieu urbain, la sociologie et l’histoire des populations, l’organisation des territoires, des notions de coopération, de développement local …
- Mise en place de formations pour les élus, les travailleurs sociaux, les agents de développement territorial, des acteurs du monde du travail sur les enjeux et le fonctionnement du système éducatif : En proposant des formations à ces catégories d‘acteurs (décideurs ou gestionnaires de programmes liés à l‘École ou aux personnes la fréquentant), il s’agit d’éviter que ces acteurs ne fonctionnent uniquement sur leurs propres représentations du système éducatif. Il s’agit de voir comment peuvent s’articuler les missions nationales de ce service public, ses enjeux pour la société et les réalités et responsabilités locales des territoires.
- Création de modules d’appropriation et de discussion des missions de l’École, du système éducatif, des grandes questions éducatives : Il s‘agit de créer des modules d’appropriation et de discussion des missions de l’École, des grandes questions éducatives (tel que le langage, l’apprentissage, l’orientation, l’engagement citoyen, …) pour l’ensemble des citoyens. On pourrait s’appuyer par exemple sur l’expérience des Écoles de Parents, favoriser une nouvelle dynamique chez les fédérations de parents d‘élèves pour une représentation et une participation plus effective . Il faudrait ainsi développer un partenariat plus resserré avec les services sociaux, les acteurs de la petite enfance, l’éducation populaire ; ce qui favoriserait une approche moins crispée des syndicats enseignants.
Repenser le schéma de formation des citoyens (tout au long de la vie et en incluant la formation initiale)
- Développer l’interdisciplinarité et la notion de projets à tous les âges : Il s’agit de permettre l’expérimentation et la formation méthodologique à la notion de projet, touchant aussi bien à des domaines professionnels qu’à des projets citoyens de territoires. Pour cela, il serait nécessaire de mutualiser les savoir-faire du territoire, faciliter les moyens humains et financiers, aménager les problèmes juridiques concernant telle ou telle utilisation de lieux éducatifs publics.
- Créer des pôles locaux de ressources éducatives, de la connaissance : On pourrait mutualiser différentes compétences éducatives, diverses approches concernant la connaissance afin de créer des pôles locaux de dynamisme culturel et citoyen (par exemple l’Éducation Nationale, les services culturels comme la Bibliothèque Départementale de Prêt pourraient se retrouver en utilisant le bâtiment scolaire comme support et en mobilisant les compétences des acteurs éducatifs).
- Instaurer des cycles de formation populaire et citoyenne pour les habitants d’un territoire : En partenariat avec l’Éducation Nationale, les associations, les acteurs sociaux et culturels, le monde du travail,… il s’agit de mettre en place des cycles de formation populaires et citoyens abordant diverses questions de société: l’Europe, la mondialisation, la démocratie, la santé, … L’objectif est bien de participer à enrichir et à faire fructifier le socle commun de connaissances de chaque citoyen de la petite enfance jusqu’à la retraite et après…
Articulation des thèmes (ébauche)
Pour le thème : affirmer et affiner ce POUR quoi (plutôt que ce contre quoi) nous sommes, répéter ce en quoi nous croyons mais aussi envisager comme possible, comme souhaitable parfois, ce qui existe ailleurs et qui paraît tabou ou inconcevable... chez nous.
Pour le titre "Un véritable projet pour l'école rurale" (l'expression "école rurale" reste ambiguë, l'aspect "petite structure" n'apparaît pas alors qu'il est si souvent présent, mais d'un autre côté, abandonner le terme "rural", ce serait abandonner la référence au milieu, par ailleurs si divers et si évolutif, que nous connaissons pour y être acteurs...)
On propose d'envisager la viabilité et la possible évolution de l'École rurale sous 4 aspects fondamentaux : l'organisation, l'espace, la pédagogie, le temps. A l'intérieur de ces rubriques, non-étanches, des questions à toujours avoir en tête, des idées à discuter, à creuser, à critiquer...
1- L'organisation
Réseaux (plutôt que regroupements, cf. les "ZER" de Catalogne - le réseau permet entre autres le travail à plusieurs) ?
Classes multi-niveaux, avec effectifs maxi (cf. Catalogne), ou prime de salaire (Finlande) ?
Tout le monde dit que le multi-âge, c'est bien, alors pourquoi tout est fait pour l'éviter à tout prix, pourquoi rien n'est fait pour le faciliter et l'encourager (effectifs, programmations, découpage des classes, RPI...) ?
Enseignants choisis par un "conseil" équipe enseignante/parents/élus (voix prépondérante pour l'équipe enseignante), puis protégés par leur statut de fonctionnaire (cf. Finlande) ?
Formation des maîtres (4 ans d'études gratuites, cf. Finlande) ?
Place des parents, des élus, des amis de l'école (élargir au-delà des parents)... ?
Secrétariat d'école itinérant (comme existent des secrétaires de mairies itinérants) ?
Périscolaire => cantine à
l'école, dans des familles, autre ?
=> garderie, halte-garderie, crèche ; réseaux d'assistantes
maternelles ?
Maîtres itinérants (musique, langues, sport...) mais pas trop spécialisés (cf. Catalogne, où ils assurent également certains remplacements dans le réseau) ?
Horaires modulables (selon les conditions locales p. ex. : 3h1/2 le matin, 2h1/2 l'après-midi) ?
2- L'espace
Classes vastes, avec des coins, des recoins, voire une mezzanine... ?
Musée, jardin... ?
Structures sportives/culturelles proches ?
Abords de l'école, voies d'accès... ?
Éviter les salles spéciales (informatique, BCD) ?
3- Le temps
De se connaître (adultes, enfants) ?
De progresser (moins de coupures, plus de souplesse dans le cursus scolaire) ?
De tâtonner, de se tromper et de rectifier ?
D'assurer des investissements durables ?
4- La pédagogie
Dans tous domaines : coopération maximum ?
Sensibilisation de tous à ce que
l'école est un lieu de vie proche ?
=> Inter connaissance, respect, sécurité (petits espaces faciles à
maîtriser) ?
S'appuyer sur l'environnement
territorial, naturel, social et culturel, le valoriser (métiers locaux,
traditionnels, nouveaux...) ?
=> Langue vivante : régionale (c'est dans ce cadre qu'elle
prend du sens), langue de l'immigration ("plutôt à l'école que chez les
imams") ?
=> Demande de formation en jardinage, en activités artisanales... ?
=> Vers un "projet éducatif de territoire" (cf. MRJC) ?
Ne pas oublier le corps (cf. Finlande : 45 min de cours puis 15 min de "mouvement"), l'éducation artistique, manuelle et technique (encore Finlande : 2 fois plus d'heures qu'en France) ?
=> vers un équipement minimum des écoles et des classes rurales (cahier des charges) ?